Traduction intégrale de l’article paru dans The Irish Post, le journal irlandais le plus diffusé en Grande-Bretagne et à l’international, qui retrace le parcours singulier de Taylor Byrne, de musicien de rue à Dublin à chanteur de The Celtic Social Club. Une trajectoire fulgurante, entre intuition, rencontres décisives et ancrage celtique partagé entre l’Irlande et la France. Une histoire improbable de musique, de rencontres et de routes, racontée par l’iconique The Irish Post.
Lorsque Taylor Byrne reçoit pour la première fois un message Instagram inattendu de la part d’un groupe français qu’il ne connaît pas, il n’y prête aucune attention. « Au début, je pensais que c’était une arnaque, alors je n’ai pas répondu pendant deux semaines », raconte-t-il en riant. Peu de temps après, le natif de Finglas se retrouve pourtant sur la scène d’un festival dans l’ouest de la France, à chanter devant 2 000 personnes. À seulement 24 ans, Taylor Byrne est aujourd’hui le chanteur irlandais de The Celtic Social Club, un groupe formé en 2013 et mené par le batteur français et fondateur Manu Masko.
Il rejoint la formation en 2022, devenant le seul membre non français de cet ensemble de sept musiciens. « Je suis littéralement passé de jouer devant personne sur Grafton Street à Dublin à jouer sur un festival devant 2 000 personnes », explique-t-il. « Tout est allé très vite. » Originaire de Finglas, dans la banlieue nord de Dublin, Byrne est musicien professionnel depuis quatre ans. Avant de rejoindre le groupe, il jouait dans la rue, une activité qu’il n’avait commencée que six mois auparavant. « Dès que j’ai gagné suffisamment d’argent grâce au busking, j’ai quitté mon boulot chez IKEA », dit-il. Pour lui, jouer dans la rue a été une véritable école.
« Personne n’est vraiment là pour t’écouter : tu dois les arrêter, capter leur attention, les embarquer dans ta performance. »

Sa première prestation à Temple Bar marque un tournant. « Dès que j’ai sorti la guitare et commencé à jouer, quelque chose s’est produit. Je suis entré dans un état de flow et j’ai adoré ça. » L’une de ces performances va, sans qu’il le sache, changer sa vie. Manu Masko tombe sur une vidéo YouTube de Taylor interprétant le standard blues Nobody Knows You When You’re Down and Out. « Ce qui est assez ironique », sourit Taylor, au vu de ce qui va suivre. Le groupe venait tout juste de perdre son précédent chanteur et devait assurer des tournées en France et en Angleterre. « Manu est allé sur YouTube, a vu la vidéo, et il a dit tout de suite : “C’est lui.” » « Les Français ont cette expression, “suivre son nez”. Ça peut paraître étrange, mais je suis tellement content qu’il ait suivi son intuition. »
Malgré l’excitation, la transition n’a pas été sans difficultés.
Après avoir finalement répondu au message, Taylor rencontre Manu Masko autour d’un café lors de son passage à Dublin. « On s’est bien entendus, et le projet m’a plu. » Deux semaines plus tard, il est invité en France pour les répétitions. Quelques semaines après, il monte sur scène pour son premier concert avec le groupe à Saint-Palais, près de La Rochelle. « J’ai souffert du syndrome de l’imposteur pendant très longtemps avec le groupe », confie Taylor. « Ce n’est vraiment que depuis un an que j’en suis sorti. » Rejoindre une formation avec plus de dix ans d’existence et un parcours international – de la Chine aux États-Unis, en passant par toute l’Europe – avait de quoi intimider. « Au début, je ne comprenais pas ce qu’ils voyaient en moi. » Aujourd’hui pleinement intégré, Taylor décrit cette aventure comme « merveilleuse et profondément transformatrice ». Il attribue à ses camarades de groupe une grande part de son apprentissage du métier et parle du fait de partager la scène avec eux comme« d’un immense privilège ». Le lien de The Celtic Social Club avec l’Irlande est profond, bien que le groupe soit majoritairement français. La plupart des musiciens sont originaires de Bretagne, une région celtique du nord-ouest de la France. « Ils ne manquent jamais de me le rappeler », plaisante Taylor. « Il existe clairement une forme de romantisation de l’Irlande en France, mais les gars ont surtout un profond respect pour la culture, la musique et l’histoire irlandaises. » Ironiquement, Taylor explique avoir découvert la musique traditionnelle irlandaise… après s’être installé en France. « Je n’ai pas grandi dans une famille où l’on écoutait de la musique traditionnelle irlandaise. C’est assez drôle d’avoir dû aller en France pour m’y former. »

« Je voulais me prouver à moi-même, et au groupe, que j’étais capable d’apporter quelque chose. »
Ses premières amours musicales venaient pourtant d’outre-Manche. « Les Beatles ont été mon premier choc musical. Je me souviens, j’avais 12 ou 13 ans, mon père me déposait à l’école quand Help! est passé à la radio. Je l’ai regardé et j’ai dit : “C’est quoi, ça ?” » Ce moment déclenche chez lui l’envie de prendre une guitare, une influence encore très présente dans son écriture aujourd’hui. Une écriture qui occupe une place centrale dans le nouvel album du groupe, You Should Know, sorti en octobre dernier. Taylor a été très impliqué dans le processus de composition, ce qu’il attendait avec impatience depuis son arrivée. « Je voulais me prouver à moi-même, et au groupe, que j’étais capable d’apporter quelque chose. » L’an dernier, les sept membres se sont réunis dans le studio du bassiste Richard pour façonner l’album ensemble. « Je pense que ça s’entend sur le disque : cette énergie collective de sept amis assis ensemble à faire de la musique. » L’album est produit par le producteur anglais Nick Davis, connu pour son travail avec The Pogues, Genesis et XTC. Taylor raconte avoir rapidement créé un lien avec lui, notant que Nick Davis avait lui aussi été recruté par Manu Masko de manière assez atypique. Choisir un titre préféré n’est pas simple, mais Byrne cite Yes I Am comme un morceau qui lui tient de plus en plus à cœur.
« Il y a une phrase que j’adore : “It’s now or never, and if it’s never, well, I’ll have that now, please.” »
Le groupe est actuellement en tournée pour You Should Know, avec des dates prévues en Irlande, en Angleterre et en France en février et mars. « On reprend la tournée en Irlande l’an prochain, et j’ai vraiment hâte. » De musicien de rue à Finglas aux scènes internationales, Taylor résume : « Si je n’avais pas été aussi jeune et naïf, je n’aurais probablement pas saisi cette opportunité. Mais je suis heureux de l’avoir été et d’avoir simplement dit : “Pourquoi pas ?” »
The Celtic Social Club – dates de tournée 2026
5 février – The Social, Derrybeg, Irlande
6 février – Monroe’s Live, Galway
13 février – Cabaret Vauban, France
14 février – Salle Cap Caval, France
12 mars – Café de la Danse, Paris
26 mars – Huntingdon Hall, Worcester
27 mars – The Met, Bury
29 mars – The Voodoo Rooms, Édimbourg
30 mars – The Rum Shack, Glasgow
31 mars – The Cluny, Newcastle
